Entretien avec Michel Depond, directeur de la fédération française de cyclotourisme, après l'annonce du " plan vélo " de Jean Tibéri.
Que pensez-vous du " plan vélo " proposé par Jean Tibéri ?
Michel Depond : J'ai des craintes. Ce plan part d'un bon sentiment, mais il faut voir si cela va être correctement fait. Bien entendu, la fédération suit ces propositions avec intérêt. Personnellement, je suis réservé. Je m'interroge sur la façon dont le plan va être entrepris sur le terrain.
Selon vous, quelles mesures risquent de poser problème ?
M.D. : Je me demande comment vont être créés ces grands axes réservés aux vélos compte tenu du fait que l'on a tout sacrifié à la voiture. Quand j'entends parler de création d'axes cyclables, j'applaudis, mais j'ai peur que ce ne soient que de belles paroles, qu'un discours un peu "démago"... J'espère que je me trompe.
Qu'est-ce que vous entendez par " on a tout sacrifié à la voiture "?
M.D. : Les voitures sont devenues omniprésentes. On a créé des axes rouges pour faciliter leur circulation, on a réquisitionné chaque espace possible pour augmenter les parcs de stationnement, on a facilité l'accès à Paris avec le Périphérique et la Francilienne... Résultat : on a de plus en plus de mal à entrer dans la capitale. En ville, 90% des voitures démarrent pour parcourir moins de 4 km. C'est aberrant. Il existe un véritable lobby de la voiture. Etant donné les problèmes de pollution qui s'aggravent de jour en jour, il va falloir changer. Mais faire évoluer les mentalités n'est pas une mince affaire.
Que proposez-vous ?
M.D. : Il suffirait de créer des couloirs à vélos le long des trottoirs. Des couloirs d'une largeur différente de celle des voitures pour éviter la confusion. C'est réalisable à peu de frais mais ce ne sera jamais mis en place. Pourquoi ? Simplement parce qu'il faudrait enlever les places de stationnement existant dans les rues. Comme les sommes récoltées dans les horodateurs sont importantes, les autorités n'accepteront jamais. La majorité des Parisiens ne semble pas non plus prête à abandonner sa voiture. Pourtant il faudra y venir, c'est la seule solution...
Est-ce que vous venez travailler en vélo ?
M.D. : Non, 40 km séparent mon domicile de mon lieu de travail, ce serait beaucoup trop long ! Mais rassurez-vous, je ne viens pas non plus en auto. Je me refuse catégoriquement à entrer dans Paris en voiture. Jamais de la vie je ne ferais une chose pareille !
Propos recueillis par Anne Petitjean
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